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- Journal Le Soir du 20 octobre 1955 -
APRÈS UN MATCH MAGNIFIQUE
Anderlecht s'effondre dans le dernier quart d'heure
et laisse la victoire à Voros Lobogo : 1-4
Il ne restait plus que quelques centaines de places disponibles pour le match Anderlecht Voros Lobogo qui se disputalt mercredi soir. Inutile de dire qu'elles ont été rapidement vendues le matin même. Une heure avant la rencontre, le stade Émile Versé est comble !
Le match des juniors
En lever de rideau se déroule, depuis 17h30, une fort agréable rencontre entre les équipes de juniors d'Anderlecht et du Beerschot. Match partagé, jeu dé très bonne facture de part et d'autre; bref une partie qui est exactement dans la note du spectacle que chacun attend avec impatience. Anderlecht gagna le match par 2-1.
Les équipes
Mais les acteurs principaux de la solrée ne se font plus attendre longtemps. Ils sont accueillis avec enthousiasme. Voici la composition des équipes :
Anderlecht : Week; Matthys et Culot; Lippens, De Koster et Hanon; Jurion, H. Van den Bosch, Mermans, Degelas et J. Van den Bosch.
Voros Lobogo : Fazekas; Kovacs II et Lantos; Kovacs I, Borzei et Kovacs III; Sandor, Hidegkuti, Polotas, Szolnoch et Szimezak.
LE GRAND MATCH
Première mi-temps
Du tout grand Anderlecht au début du match; l'Anderlecht des grandes circonstances ! Cela commence par un solo admirable de H. Van den Bosch et une attaque en ligne qui se termine par un shot du même Van den Bosch sur le keeper. Mermans, par deux fois, lance un très puissant shot que le keeper arrête difficilement. Et Anderlecht, magnifique d'allant, de vitalité et de brio, met à sérieuse contribution la défense hongroise. Celle-ci opère quelques sauvetages de dernière seconde. A la 18e minute, une splendide combinaison Jurion Mermans permet à ce dernier de se démarquer devant le but; il place très bien son shot mais le keeper l'écarte presque miraculeusement.
En vingt minutes, Anderlecht a été le plus dangereux, le plus séduisant aussi, et Voros Lobogo n'a guère eu l'occasion de faire montre de ses qualités. Ses attaques ont été menées surtout par la droite mais la défense anderlechtoise les a contenu sans trop de peine. Mais la mécanique hongroise se met tout doucement en branle; les petites pusses succèdent aux dribblings indivi duels et cette fois, Voros Lobogo reste devant le but local.
A la 25e minute, Szolnock fait une courte passe à Hidegkuti, placé à 20 mètres du but; l'intérieur hongrois décoche un puissant shot dans l'angle supérieur du but. L'envoi est imparable : 0-1.
Anderlecht « revient » cependant à la charge: il mène quelques attaques; on note un envoi de H. Vanden Bosch frôlant le but, puis une parade « in extremis » de l'arrière central Borzei, devant Degelas. Et voici une formidable descente de Mermans, puis un « boulet » de Lippens, tout cela déchaine l'enthousiasme dans le stade.
Le couronnement de la très belle exhibition d'Anderlecht se fait à la 36e minute : J. Van den Bosch shote en force, des 20 mètres, sur le piquet, la balle revient au jeu, le keeper, qui a plongé, est à terre; H. Vanden Bosch et Lontos se précipitent vers le ballon, secondes d'engoisse !... L'Anderlechtols est le premier et marque: 1-1.
Le stade hurle de joie, une bombe éclate !
Cela continue. A la suite d'une bonne attaque, Mermans shote et le keeper sauve chanceusement. Anderlecht domine à nouveau et, à plusieurs reprises, Anderlecht est bien près de prendre l'avance. Pendant cette première mi-temps, Anderlecht a eu l'avantage, et avec un peu plus de réussite, aurait pu compter un et même deux goals de plus. En effet, le volume de ses shots au but fut nettement plus considérable et; en deux occasions, les arrêts du keeper hongrois - d'ailleurs excellent - furent plutôt chanceux.
Toute l'équipe a bien joué, mais une mention spéciale doit aller à Mermans et H. Van den Bosch.
Remarquons cependant qu'Anderlecht a joué dos au vent violent, ce qui a donné plus de puissance à ses chots. A Voros Lobogo, défenseurs rapides et bon match de Hidegkuti.
Seconde mi-temps
Dès la première minute. Fazekas détourne un essai de H. Van den Bosch. Puis Voros Lobogo; qui bénéficie à présent de l'appui du vent, attaque vigoureusement et deux shots au but rasent l'objectif.
A la 55e minute, un boulet do Palotas s'écrase sur la transversale.
Puis Week arrête un tir à bout portant de Szolnok.
Nouveau save de Week sur reprise de volée de Kovacs I, après un déboulé vertigineux. de Sandor.
Mais l'orage passe et Anderlecht équilibre le jeu, manifestant même à nouveau plus d'agressivité que son adversaire.
Lippens est légèrement blessé et, après s'être fait soigner, il reprendra sa place dans l'équipe, mais au poste d'allier droit, Jurion Jouant inter-gauche et Degelas demi-droit.
Les Anderlechtois reprennent bientôt leur formation normale, mais la rencontre n'est plus aussi palpitante qu'en première mi-temps.
A la demi-heure, Voros Lobogo occupé de plus en plus le camp .local.
II obtient un deuxième goal, mais d'une façon peu glorieuse : à la 80e minute, en effet, un Hongrois commet une faute contre Lippens, l'arbitre donne cependant un coup franc en faveur des Magyars... Grosse erreur de sa part ! Le coup franc est botté par l'arrière Lantos et est directement converti: 1-2.
Les Anderlechtols accusent le coup, d'autant plus que la fatigue les marque.
A la 30e minute, Hidegkuti shote très bien des 20 mètres; Week repousse le ballon des poings en plongeant, mais Palotas est là qui pousse le ballon dans le but: 1-3.
Moins de deux minutes plus tard, une attaque en ligne de Voros Lobogo se termine par une passe en retrait vers Kovacs I, qui canonne victorieusement : 1-4.
Anderlecht n'en peut plus. Il est battu, mais il a joué d'une façon parfaite et c'est très crânement qu'il a défendu ses chances dans la Coupe d'Europe. contre le team qui est le favori de cette compétition.
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Voros Lobogo n'a pas laissé un souvenir impérissable comme Honved, mais son jeu est tout de même de très grande valeur et a mis les Anderlechtois sur les genoux après septante minutes de jeu. Il est dommage que son second but - celui qui lui ouvrit la voie de la victoire - fut obtenu à la suite d'une erreur de jugement de l'arbitre, mais il semble que, même sans ce cadeau, il aurait réussi à vaincre.
D'après la physionomie du match, le score est « forcé », mais ceci n'a pas tellement d'importance, l'essentiel est que, mercredi soir, Anderlecht ait sauvé l'honneur du football belge.
Par Jacques THIBAUT
- Journal Le Soir du 20 octobre 1955 -
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