La tête, le coeur et les jambes... (Journal
Le Soir du 1er mars 1995)
Bruges a sué sang et eau pour marquer finalement à 8 minutes de la fin. Un but en or avant le déplacement à Stamford Bridge!
Très turbulents depuis leur arrivée sur le sol belge, les supporters anglais paraissaient heureusement beaucoup plus calmes lorsque les deux équipes pénétrèrent sur la pelouse bosselée et sablonneuse de l'Olympiastadion. Pleine à craquer, l'enceinte brugeoise était un modèle de discipline. Sur le pied de guerre depuis plusieurs jours, les dirigeants de la Venise du Nord avaient pris, il est vrai, leurs précautions pour éviter les incidents et les sanctions de l'UEFA.- Le stade flandrien était placé sous la haute surveillance d'une équipe policière ultra-renforcée.
Comme on l'avait supposé, le gardien russe de Chelsea, Kharin, avait dû déclarer forfait et il était remplacé, entre les perches londoniennes, par Hitch-cock. Plus surprenantes, en revanche, étaient les absences de Lee et Rocastle, relégués sur le banc des réservistes. Quant à Hoddle, le joueur-entraîneur de l'équipe anglaise, il ne figurait pas sur la feuille d'arbitre, contrairement à ce que Hugo Broos avait envisagé.
Les Brugeois, eux, s'alignaient dans leur composition habituelle. Ils commencèrent la partie avec générosité, se portant de manière décidée vers l'attaque. Mais l'état désastreux du terrain ne facilitait pas leurs combinaisons et ils ne parvinrent que rarement à inquiéter Hitchcock au cours de la première demi-heure. Après une bousculade entre Verheyen et Clarke dans le rectangle, que l'arbitre jugea réglementaire, Buelinckx tira puissamment au but, mais son envoi fut capté sans difficulté par le gardien londonien. Verheyen, à son tour, tenta sa chance, à la 32e minute, mais il tira un rien au-dessus de la transversale.
Les Brugeois haussèrent encore le ton dans le troisième quart d'heure et ils faillirent ouvrir la marque par Staelens, dont la percée dans l'axe fut contrée de toute justesse par Hitchcock.
Les Anglais, vraiment peu impressionnants, en avaient plein les pieds et ils faillirent à nouveau concéder le but d'ouverture à 5 minutes du repos. Buelinckx émergea de la tête, mais le gardien détourna le ballon sur la barre. Les Brugeois auraient cent fois mérité ce but d'avance avant la mi-temps.
L'équipe de Hugo Broos reprit sa domination dès la reprise, acculant, à nouveau, ses adversaires devant leur but. Ceux-ci n'étaient pas décidés à soigner le spectacle. Leur seule ambition était, semble-t-il, de couper les angles et de dégager, souvent le plus loin possible, le ballon hors des limites de jeu. Tout à l'autre bout du terrain, Verlinden passait, en tout cas, une soirée des plus tranquilles, même s'il fut inquiété à l'une ou l'autre reprise sur coup de coin.
À la 64e minute, on crut une nouvelle fois à la délivrance brugeoise, lorsque Vermant fila vers le but. Mais l'ancien Malinois tarda à tirer et il fut contré d'extrême justesse par Clarke.
Les ardeurs des joueurs du «Club» s'atténuèrent en fin de match et Hitchcock fut beaucoup moins sollicité. Paradoxalement, c'est au cours des dernières minutes que les Brugeois parvinrent enfin à prendre l'avance, par Verheyen qui prolongea assez chanceusement dans le goal un coup franc de Medved (1-0).
Un but d'avance avant le match retour: les Flandriens ont un beau coup à jouer. Ces Anglais-là sont vraiment à leur portée. Même à Stamford Bridge...
Par PHILIPPE HERENG (Journal Le Soir du 1er mars 1995)
Source : Les archives du journal Le Soir
