BABAYARO EXCLU, LE SPORTING A DU LIMITER LA CASSE EN ROUMANIE (Journal Le Soir du 24.11.1994)
Les Mauves ont livré une partie très courageuse dans le stade désert du Steaua où ils menèrent 0-1. Malheureusement, cela n'a pas suffi...
De notre envoyé spécial à BUCAREST
Les rencontres entre le Steaua et Anderlecht ne font décidément plus recette. Lors du match aller, on s'en souvient, les deux équipes s'étaient affrontées devant 4 petits milliers de personnes. Hier soir, seulement 7.000 places du stade de Bucarest avaient trouvé acquéreurs. Il est temps, semble-t-il, que les responsables de l'UEFA changent à nouveau leur fusil d'épaule pour éviter, à l'avenir, un pareil désintérêt du public. Au bord de la saturation, celui-ci, quelle qu'en soit la nationalité, n'a plus la motivation, ni sans doute les moyens pécuniaires, pour brûler de passion pour une rencontre sans réel enjeu. Or, avant même le début du match, les deux clubs en présence, hier soir, étaient déjà virtuellement éliminés de cette Ligue des champions. Dire qu'on n'en était qu'à l'avant-dernière journée...
Contrairement à ce qu'il avait envisagé, Johan Boskamp avait finalement renoncé à aligner Marc Emmers. La fraîcheur du climat et l'état du terrain, dur et sautillant, ne constituaient pas, il est vrai, les conditions idéales pour relancer un joueur relevant de blessure. Le Limbourgeois devra donc patienter encore un peu pour faire sa rentrée. Du côté roumain, on notait l'absence de Damian Militaru, victime d'un malaise cardiaque, ce week-end, après avoir reçu un ballon en pleine figure.
Le début de match fut, dans l'ensemble, assez équilibré. Les Roumains se créèrent une belle possibilité, à la 12e minute, par Lacatus qui échappa au marquage de Babayaro pour finalement échouer sur De Wilde. Les Anderlechtois répliquèrent quelques minutes plus tard par Crasson qui émergea sur un coup de coin pour propulser de la tête le ballon à ras de la barre transversale.
Peu après la demi-heure, le défenseur anderlechtois se retrouva à nouveau en bonne position au second piquet, mais sa reprise du gauche fila loin au-dessus du cadre.
Les Anderlechtois semblaient bien dans le match. Ils allaient, cependant, connaître une grosse frayeur, peu après la demi-heure, lorsque Boffin détourna miraculeusement un envoi de Ilie qui prenait la direction du but. Quelques instants plus tard, le Sporting fut réduit à 10 unités lorsque Celestine Babayaro écopa d'un second avertissement après s'être emmêlé les pattes avec Lacatus qui partait, à nouveau, seul vers le but. Le jeune Nigérian, âgé à peine de 16 ans, avait sans doute rêvé d'autres débuts en Coupe d'Europe...
On pensait que les Anderlechtois accuseraient le coup de cette exclusion, mais c'est le contraire qui se produisit puisqu'ils prirent l'avantage à la 43e minute, de façon fort chanceuse, il est vrai. Sur une action confuse dans le rectangle, Prodan tenta de dégager son camp et canonna sur Bosman qui, bien involontairement, propulsa le ballon hors de portée de Stingaciu (0-1).
Mais les joueurs du Steaua haussèrent le rythme dès le debut de la seconde période, profitant de leur supériorité numérique pour presser sans relâche la défense anderlechtoise. Celle-ci prit l'eau à plus d'une reprise et concéda logiquement l'égalisation, à la 54e minute, à la suite d'une perte de balle de Zetterberg et d'un centre en retrait de Panait prolongé dans le but par Dobos (1-1).
Seuls devant le but, Ilie puis Gilca galvaudèrent encore de belles possibilités de donner la victoire à leur équipe. Mais, en dépit d'un but roumain annulé pour un hors-jeu discutable en fin de match, les Anderlechtois parvinrent à sauver le partage... et 11 des 22 millions en jeu. Quant à la qualification, pour les derniers naïfs qui y songeaient encore, elle est désormais mathématiquement exclue...
Par SERGE TRIMPONT (Journal Le Soir du 24 novembre 1994)
Source : Les archives du journal Le Soir
