Benfica |
RAA La Louvière |
2e (et dernier) match européen de La Louvière |
1er tour de la Coupe UEFA 2003-04. (Match retour, le 15/10/2003) |
46' |
Thierry Siquet (C) |
40' |
Simao (C) |
62' |
71' |
90'+3 |
69' |
76' |
71' |
Carlos Bossio (G) |
Filip Susnjara (G) |
46' |
76' |
71' |
71' |
62' |
58' |
Miklos Fehér |
Estadio do Bessa Século XXI à Porto. (12.175 spectateurs) |
Les Loups ont eu pour seul tort de ne jamais croire en leurs chance, mercredi soir, à Porto Le coup était pourtant jouable... De notre envoyé spécial à PORTO Il manquera toujours décidément au football belge 10 cents pour faire un euro. A l'image d'Anderlecht à Lyon, de Bruges à l'Ajax, de Lokeren face à Manchester City et de l'équipe nationale en phase éliminatoire du championnat continental, La Louvière s'est inclinée de justesse, mercredi soir, à Porto, concédant à Benfica une défaite par 1-0 qui scelle logiquement son sort en Coupe de l'UEFA. Invité, la veille, par la presse portugaise à émettre un pronostic sur le déroulement de la rencontre, Ariël Jacobs avait sorti de son survêtement une boule de cristal qui lui avait suggéré pour commentaire : Cette partie peut, à tout moment, exploser de partout et basculer, en permanence, en faveur de l'un ou l'autre camp. Mais je m'attends, de toute manière, à une entrée en matière fracassante de notre adversaire. Benfica va tout mettre en oeuvre pour faire la différence au cours de la première demi-heure. Considérée par ses collègues comme un visionnaire, la pythie brabançonne s'est, pour une fois, fourvoyée. Non seulement les vice-champions portugais n'ont-ils jamais mis La Louvière sous pression en début de match, mais, au surplus, ne sont-ils que rarement parvenus, au cours du prologue, à porter le danger devant Proto. En vérité, le jeune gardien hennuyer ne fut inquiété, en première période, que sur un envoi sur le poteau de Simao, à la suite d'une mésentente entre Mamouni et Blay ainsi que sur une reprise de la tête de Sokota, à la réception d'un coup de coin. Pour le reste, la Raal franchit sans encombre le cap de la mi-temps, sifflée sur un partage blanc reflétant fidèlement le niveau, médiocre, de cette confrontation qui n'avait d'européenne que le nom. Mais, dans contexte aussi déprimant, le néophyte hennuyer était bien moins à blâmer que son hôte de marque, incapable d'imprimer sa griffe à cette seconde manche et, encore moins, de justifier une réputation à l'évidence de plus en plus oxydée. Conscient qu'il était peut-être en train de signer son arrêt de mort en calquant son rythme sur celui, monocorde, de son invité, Benfica entama avec bien plus de détermination le second volet de ce duel, Armando Sa, appelé au jeu en remplacement de Ricardo Rocha, donnant le ton en canonnant en force en direction de Proto. Jusque-là en parfaite configuration avec sa politique d'attentisme, La Louvière frôla la correctionnelle sur un essai tendu de Petit. Visiblement, Benfica, pourtant guère impressionnant, avait choisi d'en finir au plus vite avec la résistance visiteuse, un tir d'Armando Sa survolant encore d'un fifrelin la barre transversale. La menace se précisait et le péril se matérialisa à l'approche de l'heure quand Feher conclut d'une volée imparable un offensive en règle. Ayant creusé le lit de sa propre tombe en se contentant, à l'excès, de défendre l'accès de son but, La Louvière entreprit enfin d'éprouver la résistance l'arrière-garde lusitanienne. Appelé à la rescousse, Ishiaku omit de régler sa mire alors que Camacho choisissait de replonger Nuno Gomes dans le bain de la compétition. Il s'ensuivit des échanges de plus en plus soutenus, la Raal réalisant, beaucoup trop tardivement, à ses dépens, que ce Benfica-là n'avait rien, fût-ce sur ses terres, d'un foudre de guerre.· Le stade de Boavista fait rêver Gaone Organisateur de l'Euro 2004, le Portugal a entamé une course-poursuite pour achever à temps les travaux de rénovation de ses stades. Ce vaste chantier a justifié le déménagement de Benfica à Porto. L'Estadio da Luz, repaire des Aigles, est toutefois sur le point d'être opérationnel. Benfica aura le privilège d'accueillir la finale de l'Euro dont l'un des centres se situera aussi à Porto. Sur les bords du Douro, les meilleures nations du continent opéreront dans deux stades, celui de Porto et, à quelques hectomètres de là, dans celui de Boavista, en phase de réfection. Mardi soir, les troupes de Jacobs s'étaient entraînées sur la pelouse de l'Estadio do Bessa dans le vacarme des engins du génie. Les grues et les maçons y oeuvrent jour et nuit pour terminer dans les délais la dernière phase de construction. Pendant que ses ouailles procédaient à leurs derniers réglages, Filippo Gaone s'en est allé à la découverte des entrailles du stade pour en ressortir estomaqué. J'ai eu l'occasion de pénétrer dans le vestiaire. Les joueurs de Boavista vont y bénéficier d'un confort exceptionnel, sans comparaison avec celui dont peuvent jouir, en Belgique, des équipes comme Anderlecht, Bruges ou le Standard. Quand je songe à nos installations, je suis gêné pour mes troupes. Mais que faire ? Tout dernièrement encore, une rencontre entre la Ville et le club a tourné court. Aucune fumée blanche n'est sortie et le président louviérois ne semble plus trop croire à un lifting, pourtant indispensable, du Tivoli. Au fur et à mesure que se rapprochent les échéances de la licence européenne, l'espoir d'encore pouvoir évoluer au plus haut niveau s'amenuise pour les Loups qui désespèrent du bon vouloir des autorités publiques. La saison vient à peine de débuter, sous les meilleurs auspices de surcroît, que La Louvière s'interroge déjà et à nouveau sur son avenir en D 1. Maintenant que les ponts sont rompus entre Mons et la RAAL, c'est-à-dire entre le président Leone et son alter ego du Tivoli, nul ne sait, fût-ce même le principal intéressé sans doute, l'attitude que prendra Gaone face à l'immobilisme des pouvoirs publics. Secrètement, son coeur chavire toujours pour Charleroi, mais le roi du textile à bon compte et du jardinage pour tous ne se voit pas investir à fonds perdus dans le tonneau des Danaïdes carolo. Cette campagne de coupe d'Europe lui aura néanmoins permis, maigre consolation, de valoriser de façon inespérée une équipe qu'il pourrait vendre, par appartements, aux plus offrants. Des garçons comme Proto ou Odemwingie valent leur pesant d'or. Je me refuse pour l'heure à casser la porcelaine, conclut Gaone. Mais, si on me pousse à bout, La Louvière devra faire son deuil du football de haut niveau. A force de vivre, depuis si longtemps, de vaines promesses... JEAN-LOUIS DONNAY (Journal Le Soir du 16 octobre 2003) Source : Les archives du journal Le Soir |
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La Louvière - Eliminé, Jacobs estime n'avoir pas perdu son temps lors des deux duels contre Benfica Plus que de talent, les Loups ont manqué d'audace De notre envoyé spécial à PORTO Sans doute pour s'excuser d'avoir rapatrié aussi tardivement - 6 heures du matin ! - la délégation louviéroise, l'équipage du charter affrété par la RAAL a élégamment pris congé, jeudi, de ses passagers : Chers amis, déclama le chef de cabine, nous savons que vous êtes un peu déçus. Mais vous devez aussi vous montrer très fiers de votre aventure. Nous vous disons au revoir et, surtout, bonne chance, dimanche, au Lierse. Ces propos sont allés droit au coeur des participants à cet éreintant aller retour du Portugal. La vie, effectivement, ne s'arrête pas à cette élimination européenne pour La Louvière. Elle reprendra même son cours, dès ce week-end, avec, pour les hommes de Jacobs, un déplacement bien moins lointain, mais tout aussi périlleux, en terre anversoise. Le Lierse, qui a été contraint de postposer d'un jour son affrontement avec les Hennuyers, ne leur fera aucun cadeau. Il y sera d'autant moins enclin que, depuis mercredi, Ferrera et son équipe savent que la Raal n'est plus invincible en déplacement. Avant de courber l'échine, mercredi soir, à Porto, devant Benfica, Siquet et ses partenaires ne s'étaient jamais inclinés, depuis l'entame de la compétition domestique, hors de leurs bases. Ils s'étaient même brillamment comportés à Bruges en n'y concédant le partage que dans les arrêts de jeu alors qu'ils avaient ensuite terrassé le Standard à Sclessin. Peut-être était-ce en raison de cela qu'on s'était pris, en s'envolant vers la Lusitanie, à rêver d'un exploit des verts sur les rives du Douro. Mais chacun s'est rendu compte qu'il existait un monde de différence entre notre championnat et la compétition européenne, excipait après coup un Ariël Jacobs nullement déçu par le verdict final. Certes, Benfica ne fait-il plus partie des grands d'Europe et éprouverait-il beaucoup de difficulté à briller actuellement en Ligue des champions. Pour autant, il a encore la pointure suffisante pour se distinguer en Coupe de l'UEFA, à l'inverse de La Louvière qui ne doit pas oublier d'où elle vient. Et d'enchaîner : J'avais dit ces derniers jours que Benfica allait en bonifiant. Je ne me suis pas trompé. Il a bien mieux joué ce mercredi que trois semaines plus tôt à Charleroi. Techniquement et physiquement, nous ne pouvions soutenir la comparaison avec les Portugais qui faisaient tout plus vite et mieux que nous. Plutôt que de céder au découragement, il faut retenir, humblement, les leçons de cette double confrontation qui démontre à quel point il nous faut encore travailler pour améliorer notre rendement. Nous quittons cette épreuve avec le sentiment du devoir bien accompli. J'estime que nous avons beaucoup appris à la faveur de cette première expérience internationale. Teintés de sagesse, ces propos ne nous empêcheront pas de penser que La Louvière a manqué d'un zeste de panache à Boavista où elle a creusé le lit de sa tombe en se contentant de subir les événements. En guise de défense, Jacobs et son staff affirment que, tout simplement, leurs joueurs n'avaient pas les moyens de se comporter autrement. Qu'aurait-on dit si on s'était dégarni dans le dernier quart d'heure pour nous incliner, au bout du compte, sur un 3-0, s'interrogeait l'entraîneur adjoint Patrick Wachel ? Peu de choses, en vérité. La Raal n'aurait rien eu à perdre en livrant en fin de match, après le but de Feher, un baroud d'honneur qui eût dédommagé de leur fidélité confinant au sacrifice le bon demi-millier d'accompagnateurs venus les soutenir. Et dire qu'après avoir assisté à un aussi pauvre spectacle, je vais devoir m'infliger 19 heures de voiture dans l'autre sens, déplorait un sympathisant particulièrement désappointé. Mais il serait déplacé de jeter l'eau du bain européen et, avec lui, un louveteau qui ne demande qu'à grandir. La plupart des joueurs louviérois, paralysés par cet environnement peu familier, ont évolué nettement, mercredi, en deçà de leurs moyens. A eux de se reprendre, séance tenante, en championnat. Leur crédibilité est à ce prix. JEAN-LOUIS DONNAY (Journal Le Soir du 17 octobre 2003) Source : Les archives du journal Le Soir |
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