Genk a fusillé Duisbourg et mérité Majorque! (Le Soir du 2 octobre 1998)
Euphoriques au stade Roi-Baudouin, les Limbourgeois, portés par un formidable public, ont ajouté la manière pour se hisser au deuxième tour de la C 2.
Emouvante, il n'y a pas d'autre terme pour qualifier l'ambiance extraordinaire, nettement plus chaude que lorsque les Diables s'y produisent, qui régnait, hier soir, au stade Roi-Baudouin.
Malgré la grosse centaine de kilomètres qui séparent leur Geyselinckstadion de l'immense Heysel, moins froid que certains aiment à le dire, ils étaient près de 15.000, les Limbourgeois, à avoir rallié la capitale pour vivre le deuxième grand jour de la jeune histoire de leur club favori, après la démonstration, face au FC Bruges, en finale de la Coupe de Belgique.
Même Jean-Luc Dehaene, qui avait enduré la gifle infligée en mai à ses «Blauw en zwart», ne put retenir ses applaudissements au moment où les élèves d'Anthuenis foulèrent la pelouse. Nonante minutes après, le Premier se leva pour rendre un hommage appuyé à un club, une région, qui font la fierté du football belge.
Le Racing a, en effet, disputé un match somptueux de maîtrise tactique pour écarter de la route de la Coupe des coupes, une formation de Duisbourg complètement étouffée par le fol enthousiasme adverse.
Les Allemands, qui évoluaient sans Moravcik pourtant pas le plus mauvais à l'aller dans la Ruhr (1-1), ont de surcroît fait connaissance avec la redoutable force de frappe d'Oulare, le grand bonhomme du match.
Le Guinéen a livré une prestation exceptionnelle. C'est lui qui soulagea une première fois ses couleurs en réussissant, dès avant le premier quart d'heure, un exploit technique hallucinant avant de placer un obus dans le plafond de Gill. Le dernier rempart de Duisbourg assista, quinze minutes plus tard, médusé, à un extraordinaire mouvement amorcé par... Oulare, lumineusement prolongé par Gudjons -son et conclut de la tête par Strupar. 2-0!, l'affaire se présentait très bien.
La messe aurait pu être dite avant le repos si l'attaquant croate, isolé par qui vous savez, manqua d'un centimètre pour inscrire son deuxième but personnel.
Mine de rien, les Teutons n'avaient besoin que de deux goals pour gâcher la fête limbourgeoise en seconde période. Sombre augure rapidement envolé dans le ciel bruxellois par la grâce... d'Oulare, qui se surprit lui-même de voir un envoi de 25 mètres laisser Gill de marbre. Quel but!
La fête était totale et les supporters du Racing, euphoriques, applaudirent même lorsque Beirle, de la tête, trouva la barre de Brockhauser. Le bon peuple limbourgeois n'était pas au bout de ses émotions puisque, au cours du dernier quart d'heure, Gudjonsson exploitait comme à la parade deux services d'Oulare, un attaquant de classe internationale!
Genk était qualifié et du Stade Roi Baudouin, l'on imagininait volontiers la fête qui allait se poursuivre la nuit durant dans la petite cité limbourgeoise dans l'attente du verdict du tirage au sort de Genève. Lequel allait en réalité réserver un déplacement de choix aux hommes d'Anthuenis, appelée à se rendre à Majorque, une île où ils ne seront pas pour autant en vacances...
Par ALEXANDRE CHARLIER (Journal Le Soir du 2 octobre 1998)
Source : Les archives du journal Le Soir
