Heart of Midlothian FC |
Standard de Liège |
115e match européen du Standard de Liège |
1/16 de finale de la Coupe UEFA 1992-93. (Match aller, le 21/10/1992) |
Gilbert Bodart (C) |
13' |
46' |
Craig Levein (C) |
46' |
73' |
60' |
58' |
78' |
Nicky Walker (G) |
Jacky Munaron (G) |
46' |
46' |
73' |
Alain Bettagno |
7' |
M. Gerhard Kapl |
Tynecastle Stadium à Édimbourg. (16.897 spectateurs) |
Le Standard triomphe en Ecosse pour la toute première fois de son histoire (Journal Le Soir du 22 octobre 1992) Invité d'honneur de la délégation liégeoise en transhumance à Edimbourg, André Piters a frissonné d'émoi, à l'instar de quelques centaines de supporters liégeois, quand, après 7 minutes de jeu, Alain Bettagno fouetta d'un énergique coup de tête les filets de Tynecastle Park. Comme l'honorable Popeye de Herve le leur avait recommandé, les Rouches s'étaient gavé d'épinards à la veille de leur affrontement avec les Hearts du Midlothian. Le conseil diététique de l'ancien ailier de Sclessin valait bien la potion magique du druide Panoramix. Les muscles gonflés de sève, les Rouches de l'an 2000 entamèrent leur expédition écossaise à tombeau ouvert. Et il ne fallut pas attendre bien longtemps pour les voir toucher les dividendes de leur tonitruant prologue. Franz Van Rooij, superbe d'aisance et de conviction, lança magistralement sur son flanc droit Alain Bettagno. Parvenu au terme de son effort, l'ex-Serésien adressa au second poteau un centre au cordeau que Levein détourna de toute justesse en coup de coin. Heart venait de passer par le chas de l'aiguille. Mais il n'échappa pas à la sentence quand, sur l'action suivante, Vervoort déposa victorieusement le ballon sur le front de Bettagno. Le Standard venait de se placer méritoirement dans un contexte idéal pour gérer au mieux ce deuxième round continental. Menant à la marque, il lui était loisible de tabler sur les vertus de la contre-attaque pour asseoir son succès. Plus d'une fois, en cours de première période, il eut ainsi l'occasion de porter à l'opposition le coup d'assommoir. Mais la réussite ne daigna pas sourire à Hellers, lancé en profondeur par Goossens pas plus qu'à Wilmots qui, à la demi-heure, vit fuser à quelques centimètres de sa semelle un centre-tir de l'admirable Régis Genaux. Ce fut en fin de compte à André Cruz qu'échut la plus belle balle de break, le Brésilien piquant le cuir de la tête, un rien à côté de l'objectif, à la suite d'un centre millimétré de Van Rooij. Le Standard livrait le match qu'on attendait de lui. Un match placé, comme prévu, sous le signe d'un engagement physique intense et d'un rush incessant du team écossais. Dans le plus pur style britannique, Heart mit constamment le siège devant le but de Bodart qui sauva la mise au quart d'heure sur un tir fulgurant de Robertson, Genaux doublant fort opportunément le portier liégeois en repoussant à même la ligne une reprise de cet empoisonneur public. Plus d'une fois avant le repos, les Standarmen durent ainsi s'arc-bouter dos à leur but pour repousser l'adversaire. Plongé à 18 ans dans la tourmente, Léonard faisait le dur apprentissage de la vie d'artiste. Le Verviétois récolta au passage un bristol jaune qui aurait sans doute incité Arie Haan à pourvoir prudemment à son remplacement durant le repos si une tuile ne s'était abattue sur son équipe. Lors de sa tentative de putsch, Cruz s'était abîmé le genou au point de devoir jeter l'éponge à la mi-temps. Pister entra ainsi au jeu à la place de Hellers, rappelé dare-dare au libéro. Le plus dur ne faisait que commencer pour les Rouches. Et notamment pour Gilbert Bodart, l'ultime rempart d'une phalange animée hier soir d'un extraordinaire esprit de corps. Le cap périlleux du quatrième quart d'heure fut ainsi franchi sans dommage, hormis un nouvel avertissement, pour Vervoort cette fois. L'Anversois accomplissait, à l'image de Genaux sur l'autre flanc, un travail d'enfer et d'orfèvre, soulageant constamment la tâche de ses médians. Mais Haert, infatigable, remettait tout aussi inlassablement son ouvrage sur le métier. Et le Standard trembla sur son socle quand, à 20 minutes du terme, un coup franc de Snodin partit come une fusée en direction de l'objectif rouge et blanc. Au fur et à mesure que s'égrenait le temps et que faiblissaient les organismes, le jeu s'effilocha de façon très compréhensible. La relance devint ainsi de plus en plus approximative, ce qui n'était point pour déplaire à l'arrière-garde des Rouches remarquablement mobilisés autour de l'intraitable Hellers. Les «Allez Standard, allez Standard» jaillissaient comme autant d'encouragements des travées où était concentrée la bonne graine principautaire. Et chacun, dans le kop des accompagnateurs, se mit à décompter nerveusement les minutes puis joyeusement les secondes dans la foulée des héros d'Edimbourg: 34 ans après leurs glorieux aînés, Bodart et ses camarades remportaient à Tynecastle Park une victoire qui ira droit au coeur de Popeye Piters. Et de tous les braves de 1958. JEAN-LOUIS DONNAY (Journal Le Soir du 22 octobre 1992) Source : Les archives du journal Le Soir |
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