Battu jeudi par Cagliari, le FC Malinois achète Urban... mais perd de nouveau son capitaine!
Cela faisait si longtemps que j'attendais ça... Luis Oliveira n'était pas à proprement parler rayonnant, jeudi, après le match à Malines. À la limite, il avait presque l'air contrarié. Mais bon, nous osons quand même supposer qu'il était heureux pour plusieurs raisons bien évidentes. D'abord, son équipe avait remporté sur la patinoire du KV un succès annonciateur de qualification. Nous irons en Sardaigne pour faire du tourisme, grinçaient en choeur les Malinois tandis que Bruno Giorgi, l'entraîneur de Cagliari, résumait la situation par une boutade: Si nous sommes éliminés dans deux semaines, nous pourrons tous nous suicider. C'est dire si la chose paraissait entendue pour tout le monde avant-hier. De plus, Loulou s'avouait soulagé d'avoir enfin mis un goal à Michel Preud'homme. C'était ça l'événement qu'il attendait depuis si longtemps. Jamais, auparavant, le Belgo-Brésilien n'avait eu ce plaisir.
Quand j'ai hérité de cette balle sur la droite du rectangle, j'avais la ferme intention de croiser mon tir en force, expliquait-il à la sortie du vestiaire. Puis j'ai vu que Michel se jetait à terre et j'ai décidé de tenter le petit lob.
Un pur trait de génie en vérité, l'un de ces gestes imprévisibles qui caractérisent les attaquants d'instinct. Luis, en réalisant ce chef-d'oeuvre à huit minutes de la fin, a véritablement assassiné les Malinois. Les joueurs de Fi Van Hoof étaient en train de se creuser les méninges pour trouver la clef de l'énigme sarde lorsque l'ancien Anderlechtois offrit aux Italiens une victoire encore accentuée, «in extremis», par un but de Pusceddu entaché d'un double retour de hors-jeu. Oliveira, qui avait déclaré que ce match était son match, assumait ainsi ses lourdes responsabilités avec éclat. Jeudi, il savait qu'il devait absolument faire un truc. Toute la Belgique l'attendait au coin du bois après sa contre-performance du 17 novembre, et surtout après les commentaires qu'il avait lâchés dans la presse à son retour en Sardaigne.
Van Himst m'a déçu, avait-il dit en substance. Je ne comprends pas pourquoi c'est moi qu'il a fait sortir, alors que Nilis jouait sous infiltration. En plus, je pouvais difficilement être bon contre les Tchéco-Slovaques. Scifo ne m'a pas donné une balle. Quel chipoteur, celui-là!
Les brumes malinoises n'ont guère tempéré son humeur. Luis a plus ou moins confirmé ces propos avant-hier. Il risque d'ailleurs de le payer cher. Loulou contre Popol: la guéguerre tournera difficilement à l'avantage du joueur. Désormais, le «Diable» de Sant'Elia devra multiplier les exploits pour susciter les sympathies du sélectionneur. Un but capital à la Juventus dimanché passé, un autre but déterminant jeudi à Malines: il a, semble-t-il, compris la méthode...
Les Malinois, en revanche, s'enfoncent décidément dans leur basse conjoncture. Tenus en échec par Genk il y a huit jours, ils ont subi face à Cagliari une défaite... à la Pyrrhus. Paul De Mesmaeker, que Fi Van Hoof avait titularisé au détriment d'Eszenyi, a en effet dû quitter la partie au repos en raison d'une élongation aux abdominaux. Plus grave encore: Michel Preud'homme s'est ressenti de sa blessure à la cuisse dès ses premiers dégagements. Il rendait hier soir visite au docteur Martens et devra vraisemblablement observer une nouvelle période d'inactivité.
Heureusement, pendant ce temps, le directoire du KV ne chôme pas. Après s'être attaché les services du Danois John-ny Mölby, il a maintenant finalisé le transfert de Florian Urban, le turbulent Hongrois de Waregem. L'affaire s'est conclue à une allure record. Le Magyar a été acquis à titre définitif et a signé un contrat de trois ans. Pourtant, le club flandrien exigeait, paraît-il, 35 millions pour la libération de son médian défensif. Vous voyez bien que Malines a de l'argent!
SERGE TRIMPONT (Journal
Le Soir du 27 novembre 1993)
Source :
Les archives du journal Le Soir 
